Le cyclisme féminin : zoom sur ses spécificités

Chaque femme aura, au cours de sa vie, environ 450 cycles menstruels sur une période d’environ 38 ans. Cela signifie qu’au total, chacune doit gérer approximativement 6,25 années de règles .Ces chiffres sont étourdissants, et pourtant, la menstruation reste un sujet tabou dont on ne parle que trop peu. Aujourd’hui, on s’intéresse à l’impact des règles dans le cyclisme avec Camille, spécialiste santé. 

Comprendre le cycle menstruel, la plus grande spécificité du cyclisme féminin

Le cycle menstruel est composé de 4 étapes :

  1. La phase folliculaire

Elle débute le 1er jour des règles et se termine par l'ovulation (généralement au 14ème jour du cycle).

Les ovaires se préparent à libérer un ovule. Pendant cette phase, l’hypophyse se met à produire de la FSH en réponse aux faibles niveaux d’œstrogènes et de progestérone. La FSH fait grossir les follicules qui produisent les œstrogènes. La paroi de l’utérus s’épaissit pour accueillir un ovule fécondé.

C’est le moment :

  • des migraines hormonales

  • de l’augmentation de la libido

  • du gonflement des seins

  • des pertes vaginales


    2. L’ovulation

Elle se produit vers le 14ème jour (sur la base d’un cycle de 28 jours).

À la fin de la phase folliculaire, un ovule est prêt à être libéré. Le follicule mature produit alors beaucoup d’œstrogènes ce qui pousse l’hypophyse à libérer l'hormone lutéinisante (ou LH), ce qui libère l’ovule. Il faut environ 24 heures à l’ovule pour atteindre les trompes de Fallope où il doit être fécondé pour qu’une grossesse se produise. L’ovule survit entre 24 et 48h.

C’est le moment :

  • de l’augmentation de la température corporelle

  • des pertes vaginales blanchâtres


    3. La phase lutéale

Elle démarre lorsque l’ovule est libéré. Elle dure environ 14 jours, sauf en cas de fécondation, et se termine peu avant le cycle menstruel.

Autour de 21 jours, la production de progestérone commence à diminuer. Finalement, les niveaux de progestérone et d’œstrogènes sont si bas que la paroi de l’utérus se dégrade, ce qui entraîne les saignements.

C’est le moment :

  • du SPM (syndrome pré-menstruel) : maux de tête, ballonnements, douleurs articulaires, troubles de l’humeur…

  • de l’acné hormonale

    4. Les menstruations

Le premier jour des règles = premier jour de votre cycle = premier jour de votre phase folliculaire.

Si vous ne tombez pas enceinte, vos règles se déclenchent pour laisser s’écouler la muqueuse de l’utérus (tout ce qui a été préparé par le corps pour la grossesse). Lorsque les niveaux de progestérone sont de nouveau bas, le cycle débutera la phase folliculaire.

C’est le moment de :

  • Saigner : pendant 3 à 5 jours généralement

  • d’avoir des crampes ou des douleurs dans le bas ventre

Period Power : L’impact des règles sur la performance sportive

Les hormones sexuelles sont au plus bas la semaine des règles. C'est donc à ce moment-là que le corps est le plus résistant au stress.

C'est le moment idéal pour placer vos séances à haute intensité car vous récupérez mieux. Ne laissez jamais quelqu'un vous dire que vous devez vous attendre à vous sentir fatiguée et léthargique parce que vous avez vos règles. C'est un mythe.

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Cyclisme féminin et Aménorrhée

Les gynécologues commencent à s’intéresser à l’influence de l’activité sportive sur le cycle menstruel dans les années 1950. Ils en concluent que la perturbation du cycle est un signe révélateur d'un stress chronique ou encore d'un problème de santé comme l'anorexie ou d'un trouble de la glande thyroïde.

Entre 1970 et 1980 on découvre la réelle incidence des perturbations menstruelles chez les sportives. Les anomalies sont attribuées soit à une insuffisance de poids, soit à une insuffisance de masse grasse.

L'aménorrhée de la sportive serait attribuable à l’insuffisance de tissus gras ainsi qu’au stress auquel le corps est soumis.

On observe un manque d’oestrogènes chez ces femmes. Il peut aussi s’agir pour le corps de ne pas gaspiller inutilement de l’énergie puisqu’il subit souvent une diète pauvre en calories. L’aménorrhée est de 4 à 20 fois plus fréquente parmi les athlètes que dans la population générale.

Par ailleurs, l’aménorrhée associée à un manque d’oestrogènes rend plus à risque d'ostéoporose à long terme. En effet, les oestrogènes jouent un rôle essentiel pour préserver la structure osseuse. Les femmes athlètes qui souffrent d’aménorrhée ont une densité osseuse plus faible que la normale, ce qui explique qu’elles soient plus sujettes aux fractures. Si la pratique modérée d’exercice aide à prévenir l’ostéoporose, l’excès d’exercice, quant à lui, a plutôt l’effet inverse s’il n’est pas équilibré par un apport calorique supérieur.

Après la seconde guerre mondiale on évoque « les aménorrhées nutritionnelles » ou « aménorrhées de guerre » termes employés par des médecins Polonais et Allemands devant un grand nombre de consultations de femmes pour aménorrhées, carencées suite à la restriction alimentaire. Le retour à un régime alimentaire plus riche guérit ces femmes.

Spécificités du cyclisme féminin : L’hygiène en selle

Dans un cycle menstruel normal, une femme perd en moyenne 2 à 3 cuillères à soupe (35 à 40 millilitres) de sang sur quatre à huit jours.

Cependant, certaines femmes perdent beaucoup plus de sang - 5 à 6 cuillères à soupe (environ 80 millilitres) ou plus - au cours de leurs menstruations. C'est ce qu'on appelle des saignements menstruels abondants, qui sont assez fréquents et touchent jusqu'à un quart de la population féminine. Quand on connait son corps, on peut prendre les précautions adéquates en toute situation.

Quand on fait du vélo, en particulier de la longue distance, il y a plein d’options pour pouvoir performer sans -trop- se préoccuper de ses règles :

  • La cup : l’avantage c’est qu’on ne la sent pas du tout. L’inconvénient c’est de trouver comment la nettoyer, surtout si on est en rase campagne, en gravel dans le désert etc….

  • Prévoir des petites lingettes biodégradables et un petit sac pour les conserver et les jeter à la prochaine poubelle.

  • Les disques menstruels arrivent également

  • Mais le mieux reste le cuissard menstruel conçu par Wilma.Cc qui permet de gérer son flux naturellement (en allant aux toilettes) sans stresser s’il y a des débordements !

cuissard cyclisme féminin

Cyclisme au féminin : ce qu’il faut retenir

Suivez votre cycle et utilisez-le comme un outil d'entraînement. Prêtez attention aux changements dans la fréquence, le flux et la couleur de vos règles, ce sont des signaux importants.

  • Recherchez et essayez différentes façons de gérer vos saignements : Cup, cuissard, disques … et trouvez celle qui vous convient le mieux.

  • Soyez consciente qu’en prenant un contraceptif oral, vous n'avez pas de vraies règles. Il est également possible que la prise d'un contraceptif oral puisse avoir un impact négatif sur l'entraînement, et il vous prive de certains signaux importants. 

  • Faites vérifier régulièrement votre taux de fer. Le fer est essentiel à notre énergie. En raison des saignements mensuels, les femmes présentent un risque accru de carence en fer, ainsi que d'anémie.

  • Repoussez la pression sociale qui vous pousse à cacher le fait que vous saignez. Parlez de vos règles : avec vos entraîneurs, vos athlètes et vos enfants (filles ET garçons). 

  • Soutenez la lutte contre la précarité menstruelle. Une super asso appelée Règles Élémentaires dont il faut absolument visiter le site.

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