Romain Grégoire : l’authenticité comme moteur de performance
À 22 ans, Romain Grégoire incarne un certain idéal du cycliste moderne : exigeant mais joyeux. Ambitieux mais lucide, méthodique, sans perdre sa spontanéité. Dans cet épisode immersif de “Face à Face” par Groupama, la journaliste et présentatrice cyclisme Claire Bricogne s’est rendue sur place, à Besançon, pour que Romain lui ouvre les portes de sa ville natale et de cœur.
Résultat : une plongée dans la vie, les routes, les choix, les doutes – et les rêves – d’un coureur aussi brillant qu’attachant.
Besançon, cocon de performance
Le cadre est posé : Besançon, ses collines verdoyantes, son accent doux et... son centre d’entraînement. Car c’est ici, au COPS (Centre Omnisports de Performance Sportive), que tout a vraiment commencé pour Romain. Même s’il aurait pu signer ailleurs dès la sortie des juniors, il a choisi l’équipe continentale Groupama-FDJ, par conviction. « Pour moi, le passage par les rangs espoirs était nécessaire. Il fallait continuer d’apprendre, garder l’esprit de la gagne. » explique t-il.
L’option raisonnable ? Oui. Mais surtout le choix d’un coureur qui veut construire, pas simplement brûler les étapes.
À 14 ans, quand d’autres rêvent simplement de doubler le sport pour éviter un contrôle de maths, Romain, lui, cherche un entraîneur. Ce sera Maxime Latourte. Une relation encore solide aujourd’hui, bâtie sur une rigueur presque déroutante. « J’aime que l’entraînement ait un sens. Rouler pour le plaisir ? Oui, parfois. Mais le vrai plaisir, pour moi, c’est la performance. »
Carré, méthodique, parfois trop exigeant avec lui-même, le jeune bisontin confesse avoir besoin de repérer ce qui ne va pas, même après une victoire.« À Liège-Bastogne juniors, je gagne, mais j’ai couru n’importe comment. Ça passe chez les jeunes, mais chez les pros, ça ne pardonne pas. »
Gagner, oui. Mais surtout ne pas trahir la confiance
Parmi les amitiés fortes nouées dans les couloirs du COPS, celle avec Lorenzo Germani, coureur italien et colocataire d’un premier stage, occupe une place particulière. « On s’est retrouvés ensemble grâce à nos noms de famille, Germani – Grégoire. Depuis, on a souvent partagé la chambre et il a été mon garde du corps sur pas mal de courses. » Une confiance aveugle, comme il le dit, et ça compte quand on joue la gagne.
Chez Romain, la pression ne vient pas de l’extérieur mais de ceux qui l’entourent : coéquipiers, entraîneurs, mécanos, staff. « Quand je joue la gagne, je sais que six gars ont bossé pour moi. Si je ne suis pas à la hauteur, je m’en veux. » Il parle de responsabilité, pas de poids. Et ça change tout.
Crédit : Laurent Cheviet
Son talent s’exprime sans besoin de bruit
Discret, Romain Grégoire n’est pas du genre à se montrer sur les réseaux. Une GoPro à la main ? Il filme la route, sans commentaire, et rend l’objet. « J’aime pas faire parler de moi pour faire parler de moi. » Ce qu’il aime, c’est l’authentique – comme son amour premier : les chevaux et a une vraie complicité avec l’animal. « Il y a une vraie relation avec le cheval, un respect, une intelligence… Mon vélo, c’est pas pareil. » Deux passions, deux montures, mais un même besoin de lien sincère et de fidélité à ses racines.
Cap sur le Tour de France, sans perdre le nord
2025 s’annonce comme une saison charnière. Après un printemps solide, place à une préparation millimétrée pour l’enchaînement Championnat de France – Tour de France. Rien n’est laissé au hasard, mais l’enthousiasme est intact. « Le Tour, c’est la fête du cyclisme. On est des privilégiés. J’en profite à chaque seconde. »
Avec son regard clair et sa voix posée, Romain Grégoire ne surjoue rien. Il parle vrai. Il agit juste. Il doute, parfois, mais toujours pour mieux rebondir. Il rêve, aussi – de lever les bras sur le Tour, bien sûr – mais sans jamais se prendre pour un autre.
Dans un monde de cyclisme de plus en plus médiatisé, il incarne une rareté : celle d’un coureur qui avance sans se perdre, tout simplement.