Pourquoi est-ce si difficile de rester en zone 2 ?

La zone 2, c’est l’endurance fondamentale. Celle qui vous fait construire un moteur robuste, qui améliore vos performances sur le long terme sans vous cramer dès la deuxième sortie du week-end. Sur le papier, c’est facile : pédalez tranquillement, sans vous essouffler, et discutez avec vos amis. En pratique ? C’est un enfer mentalement.

Pourquoi est-ce si compliqué de respecter quelque chose d”aussi simple ? On vous explique !

Crédit : Site internet Vélo Brival

« C’est difficile parce que c’est trop facile »

Comme l’explique Fred, entraîneur et ancien cycliste pro : « C’est difficile de s’entraîner doucement parce que c’est trop facile. »

Autrement dit, notre cerveau — conditionné par l’idée que plus c’est dur, mieux c’est — a du mal à accepter qu’un entraînement tranquille puisse avoir des effets profonds. On veut transpirer, ressentir la brûlure dans les jambes, suer pour mériter.

Résultat : on sabote malgré nous l’une des clés de la progression.

L’ennemi : l’ego (et le groupe WhatsApp du dimanche matin)

Il suffit de se retrouver en groupe pour voir s’envoler toutes nos bonnes résolutions. Dès les premiers tours de roues, les watts grimpent, les relais s’enchaînent, et on quitte discrètement la zone 2… sans oser le dire. « Si dans un groupe, tu sens que ça roule un peu fort, il faut une sacrée maîtrise de son ego pour se dire : “Hop hop hop, non les gars, aujourd’hui c’est zone 2 pour moi.” », raconte Fred. Et pourtant, c’est comme ça qu’il faudrait gérer ses sorties !

Le problème, c’est que personne ne veut être celui ou celle qui “fait ralentir le groupe”. Et soyons honnêtes : on a tous envie d’être un peu impressionnant sur Strava.

Les réseaux sociaux, Une dictature ?

Parlons-en, de Strava. Cette fabrique à performances comparées, à moyennes analysées et à kudos décernés en fonction de vos watts. Difficile de publier une sortie à 22 km/h de moyenne en zone 2 sans craindre le fameux commentaire : “T’étais malade ?” « Il faut faire abstraction du regard des autres. Des fois, t’as envie de supprimer la séance parce que t’as pas avancé. Mais c’est justement celle-là qui est nécessaire. » — Fred

C’est là tout le paradoxe : les séances les moins “glorieuses” en apparence sont souvent les plus constructives pour le long terme.

Le piège de la motivation

Autre danger : l’excès de motivation. Le combo classique ? Nouveau vélo, retour des beaux jours, playlist motivante… et volonté d’en découdre. « On a tous connu ce moment où on se dit : cette saison, c’est pour moi. On veut s’entraîner comme un fou, on veut progresser tout de suite. Et du coup, on tape dans les intensités. »

Mais comme le rappelle Fred, le sport d’endurance est un sport de patience. Aller vite, c’est bien. Aller vite longtemps, c’est mieux. Et ça, ça se construit en Z2.

Crédit : La République des Pyrénées

Une zone ingrate (mais vitale)

La zone 2 n’a rien de spectaculaire. Pas de sprint, pas de montées à bloc. Pas de quoi briller sur les réseaux ou dans les récits de sortie. Et pourtant, elle construit l’architecture invisible de la performance. « Si on fait que de l’intensité, on progresse peut-être plus vite… mais au bout de deux semaines, on est cramé, fatigué, voire blessé. »

Résultat : on régresse, on stagne ou on se blesse. La fameuse “progression express” devient un aller simple vers le surentraînement.

Et donc, on fait quoi pour s’y tenir ?

1. Roulez seul

Parfois, le meilleur moyen de respecter la zone 2, c’est de faire une infidélité au groupe WhatsApp du dimanche matin. Roulez seul, au calme, à votre allure. C’est dans ces moments-là que vous construisez votre moteur.

2. Expliquez à vos potes

Et si vous rouliez ensemble… mais chacun à sa zone ? Chacun monte la bosse à son rythme, et on se retrouve au sommet pour le café. C’est ce que Fred conseille sur ses stages : “Les premiers attendent, les autres montent tranquilles.”

3. Changez de regard sur la performance

Le meilleur entraînement, ce n’est pas celui qui fait le plus mal. C’est celui qui vous permet de progresser sans vous blesser. Et ça, ça mérite bien quelques kudos invisibles.

En résumé ?

Respecter la zone 2, c’est un acte de maturité sportive. C’est dire non à l’ego, oui à la progression lente mais durable. C’est sacrifier un peu de panache immédiat pour beaucoup de performance future.

Et comme le dit si bien Fred : « Celui qui aura respecté sa zone 2 aujourd’hui, c’est peut-être lui qui rigolera dans trois mois. »

Alors, prêt à lever le pied pour avancer plus loin ?



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