Tout savoir sur la coupure en cyclisme : le guide (vraiment) utile pour couper… sans paniquer

Chaque année, c’est la même histoire : les lumières de Noël s’allument, les boîtes de chocolats s’empilent sur la table, et dans la tête des cyclistes plane une question existentielle : « Est-ce que c’est maintenant que je dois couper ?

Pour cet épisode de Dans la tête d’un cycliste, l’entraîneur et physiologiste Anaël Aubry vient remettre de l’ordre dans ce grand chantier émotionnel qu’est la coupure. Et spoiler : non, couper ne va pas ruiner votre saison. Au contraire.

Coupure : de quoi parle-t-on vraiment ?

Le terme peut paraître abrupt. Pourtant, sa définition est limpide : « L’idée, c’est de lâcher son activité sportive. Pour un cycliste, cela signifie ne plus toucher le vélo. »

Traditionnellement placée en fin de saison, la coupure s’inscrit dans un moment où les objectifs sont derrière soi, ou lorsqu’un créneau du quotidien permet enfin de relâcher l’entraînement. Et contrairement à ce que l’on imagine parfois, ce n’est pas une période à redouter.

Pourquoi couper… même quand on n’en ressent pas l’envie ?

Beaucoup redoutent la coupure par peur de « repartir de zéro ». Pourtant, les faits sont clairs : « Si tu ne coupes jamais, ta progression à long terme sera limitée. »

Couper permet notamment :

  • de réduire les risques de blessure,

  • de préserver la capacité d’adaptation aux charges,

  • de conserver une motivation durable,

  • de maintenir un équilibre mental, souvent sous-estimé.

Les sportifs professionnels, pourtant habitués à des charges très élevées, peuvent s’arrêter trois à cinq semaines sans que cela compromette leur progression. Un message fort pour tous les amateurs qui craignent de lever le pied quelques jours.

La microcoupure : un outil trop souvent négligé

En plus de la coupure annuelle, plus structurante, Anaël recommande des microcoupures :

  • 3 à 5 jours de pause,

  • placés à des moments stratégiques de la saison,

  • sans aucun risque réel de désentraînement.

Elles constituent un véritable levier pour éviter l’accumulation de fatigue : « Une microcoupure de trois ou quatre jours ne désentraîne pas. »

Elles permettent aussi de mieux traverser les périodes intenses de l'année, tant sur le plan sportif que personnel.

Désentraînement : ce que l’on perd… et ce que l’on ne perd pas

La crainte du désentraînement est au cœur des résistances. Il est donc important de distinguer :

  1. Les aspects musculaires

Ce sont eux qui régressent le plus vite. En une à deux semaines, on observe une réelle diminution de certaines qualités périphériques.
Heureusement, ce sont aussi celles que l’on récupère le plus rapidement dès la reprise.

2. Les aspects physiologiques centraux

Ils régressent beaucoup plus lentement : « Les bases de l’endurance aérobie ne bougent réellement qu’au bout de trois ou quatre semaines. »

En d’autres termes :
Une coupure de deux semaines altère les sensations, mais pas le potentiel d’endurance profonde.

Que faire pendant la coupure ? Le bon équilibre

La coupure n’interdit pas toute activité physique. Elle permet même, pour certains, de découvrir d’autres pratiques : renforcement musculaire, natation, randonnée, ski de fond… voire course à pied, à condition d’être prudent. « Le cycliste a souvent un bon moteur, mais mécaniquement, c’est parfois plus fragile. »

L’intensité et le volume doivent rester modérés, surtout dans les sports porteurs de contraintes mécaniques plus fortes que le vélo.
L’objectif n’est pas de se créer une nouvelle blessure, mais d’entretenir un niveau minimal de stimulation tout en se ressourçant.

La dimension mentale : un enjeu majeur

La coupure est avant tout un moment de relâchement psychologique. La charge mentale accumulée au fil des mois est souvent plus lourde qu’on le pense : « Ne rien faire, ou faire moins, rafraîchit l’esprit. »

Et paradoxalement, c’est en s’éloignant du vélo que l’envie revient.
La motivation renaît, l’enthousiasme réapparaît, et l’athlète se réengage avec un plaisir renouvelé, un facteur clé pour tenir toute la saison.

Nutrition, sommeil : relâcher la pression… intelligemment

La coupure ne doit pas être un moment d’hyper-contrôle, au contraire : « L’être humain n’est pas fait pour être au minimum de sa masse grasse toute l’année. »

Quelques écarts alimentaires, un rythme de sommeil plus souple : ces concessions ne compromettent en rien la saison suivante. Elles participent même à l’équilibre général, essentiel pour repartir sur de bonnes bases.

L’essentiel est d’éviter les excès prolongés, mais aussi de ne pas culpabiliser pour quelques plaisirs.

Comment reprendre après la coupure ?

C’est l’une des idées reçues les plus tenaces : non, on ne reprend pas l’entraînement là où l’on l’a laissé. « Reprendre par des choses faciles, avec des volumes faibles. »

Les premières semaines doivent être prudentes :

  • pas d’intensité,

  • du volume modéré,

  • une progression graduelle fondée sur les sensations.

La réussite de la saison dépend largement de cette reprise contrôlée. Aller trop vite expose au risque de blessure ou de maladie, en particulier en hiver.

En conclusion : couper, c’est progresser

La coupure n’est ni un luxe, ni une option, ni une faiblesse. C’est un pilier de l’entraînement cycliste.

Elle permet de :

  • préserver la santé,

  • garantir la progression à long terme,

  • maintenir la motivation,

  • réduire le risque de blessure,

  • retrouver le plaisir de pédaler.

Sa valeur ne se mesure pas à court terme, mais dans la capacité à construire une saison solide et durable.


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