Paris-Nice 2026 : la Course au Soleil change de décor, pas de promesse
Chaque année, Paris-Nice fait office de grand réveil du cyclisme européen. Une reprise sérieuse, mais jamais totalement figée. Pour sa 84ᵉ édition, la Course au Soleil innove juste ce qu’il faut : un départ inédit, un final inédit… et toujours cette même certitude à l’arrivée : seuls les costauds s’imposent sur la Côte d’Azur.
👉 Le parcours de Paris-Nice 2026, dévoilé à Versailles à moins de trois mois du départ, promet une semaine complète de cyclisme à tiroirs, entre pièges, répétitions générales et grandes explications.
Un départ nouveau… mais déjà piégeux
Le peloton s’élancera dimanche 8 mars depuis Achères, une première dans l’histoire de l’épreuve. La ville devient ainsi la 30ᵉ commune des Yvelines à accueillir Paris-Nice, un chiffre qui dit bien à quel point la Course au Soleil aime ses racines franciliennes.
Et attention, reprise ne rime pas avec promenade dominicale. Dès la première étape, le circuit final autour de Carrières-sous-Poissy, via la côte de Chanteloup-les-Vignes, offre un terrain parfait pour les premières escarmouches. Pas encore une bataille rangée, mais déjà un test de vigilance. Ceux qui rêvaient d’une mise en route tranquille peuvent ranger l’illusion dans la musette.
Bordures, sprints et nerfs à vif
Le lendemain, cap sur les plaines du Gâtinais (étape 2, Épône – Montargis). Un terrain que le vent adore et que le peloton redoute. Ici, la course peut basculer sans prévenir : une rafale, un placement raté, et la semaine commence à se compliquer.
Les sprinteurs, eux, savent que les occasions sont comptées. Cette deuxième étape est l’une de leurs meilleures chances, et Mads Pedersen, Olav Kooij ou Michael Matthews n’auront pas l’intention de laisser passer l’opportunité de lever les bras, comme ils l’ont déjà fait sur les routes de Paris-Nice.
Le contre-la-montre par équipe, version niçoise
La 3ᵉ étape propose un classique moderne : un contre-la-montre par équipe “à la niçoise” entre Cosne-Cours-sur-Loire et Pouilly-sur-Loire. Comprendre : chacun pour son chrono, mais au service du leader.
À quelques mois du Grand Départ du Tour de France à Barcelone, ce test grandeur nature pose une question simple : quelle équipe sait vraiment lancer son leader ? L’exercice ne désigne pas forcément le vainqueur final, mais il révèle déjà les collectifs bien huilés… et ceux qui bricolent encore.
Le Morvan comme juge de paix intermédiaire
Les routes du Morvan, déjà mises en lumière lors du Tour 2021, font leur retour. Cette fois, la montée d’Uchon ne se contente plus d’user les jambes : elle pourrait désigner un vainqueur d’étape et, pourquoi pas, un nouveau leader du classement général.
On entre ici dans le cœur du Paris-Nice : une course qui ne sacralise pas un seul profil, mais qui récompense la capacité à encaisser jour après jour.
Une deuxième moitié taillée pour les durs
La suite du parcours ne relâche jamais vraiment la pression. La 5ᵉ étape, la plus longue et la plus exigeante en dénivelé, direction Colombier-le-Vieux, promet de faire sauter quelques fusibles. Pas forcément spectaculaire, mais terriblement efficace pour fatiguer les organismes.
Le lendemain, à Apt (étape 6), le scénario s’annonce plus nerveux : une dernière bosse dans les cinq derniers kilomètres, parfaite pour un coup tactique ou un final explosif. Le genre d’arrivée où l’on gagne autant avec les jambes qu’avec la tête.
Nice… sans l’arrivée à Nice
C’est la grande nouveauté de cette édition. Élections municipales obligent, Paris-Nice 2026 revoit son final. La Promenade des Anglais ne disparaît pas totalement : elle accueillera le départ de la 7ᵉ étape, direction Auron, théâtre d’une victoire mémorable de Michael Storer en 2025.
Mais le dénouement aura lieu ailleurs. Dimanche 15 mars, le vainqueur sera sacré autour du stade Riviera, un site inédit pour la Course au Soleil. Le parcours de la dernière étape explorera de nouveaux sommets, avec une décision attendue sur les terribles pentes de la côte du Linguador. Le décor change, la logique reste la même : ici, on ne triche pas avec la forme.
Qui pour succéder à Matteo Jorgenson ?
Double vainqueur sortant (2024 et 2025), Matteo Jorgenson, Niçois d’adoption, remet son titre en jeu. Mais la concurrence s’annonce dense.
Parmi les candidats sérieux :
Simon Yates, déjà deuxième en 2018 et 2022,
João Almeida, solide 6ᵉ en 2025,
Juan Ayuso, Cian Uijtdebroeks,
Mattias Skjelmose, 4ᵉ en 2024.
Côté français, l’espoir est bien réel avec Kévin Vauquelin, Lenny Martinez et David Gaudu, qui connaît la recette pour briller sur Paris-Nice (2ᵉ en 2023).
Un peloton relevé, fidèle à la tradition
Les organisateurs ont dévoilé la liste des 22 équipes sélectionnées :
les 18 formations World Tour,
les trois meilleures ProTeams (Cofidis, Pinarello-Q36.5, Tudor),
et une invitation pour TotalEnergies.
Un plateau dense, cohérent, à l’image d’une course qui n’a jamais eu besoin d’en faire trop pour rester incontournable.
Verdict attendu au stade Riviera
Paris-Nice 2026 ne révolutionne pas la Course au Soleil. Elle la déplace, l’ajuste, la modernise légèrement. Un départ inédit, un final inédit, mais toujours la même exigence : être complet, concentré et résistant pendant huit jours.
Le décor change, les promesses restent. Et comme chaque mois de mars, la question ne sera pas de savoir si Paris-Nice est difficile, mais qui sera capable de la dompter.