Romain Bardet : plus qu’une carrière, une histoire humaine

🎙️ Dans la tête d’un cycliste est de retour pour sa saison 5 ! Toujours aux côtés de Valentin Garcin, notre animateur passionné. On vous promet une saison haute en couleurs, pleine d’histoires inspirantes, de confidences et de réflexions sur ce sport qui, décidément, en dit long sur ceux qui le pratiquent.
Et pour ouvrir le bal, un invité qui incarne à lui seul toute la beauté et la complexité du cyclisme moderne : Romain Bardet.

Podiums sur le Tour de France, victoires de prestige, style offensif… Romain Bardet a marqué une génération. Mais derrière le champion se cache surtout un homme lucide, sensible et profondément fidèle à ses valeurs, qui a traversé sa carrière comme une aventure humaine avant tout.

Le vélo, d’abord une histoire de copains

Avant les podiums et les conférences de presse, il y avait les mercredis après-midi, les copains du club et les petites courses régionales. Romain découvre le vélo par hasard, en suivant son père sur les compétitions locales : « J’ai vu des enfants de mon âge courir. J’ai forcé mes parents à me laisser essayer. »

Dès les premiers tours de roue, il trouve dans le cyclisme bien plus qu’un sport : un lien, une bande, une passion collective. Et cet esprit, il ne le perdra jamais : « La fidélité aux gens, aux valeurs, ça a toujours été une ligne directrice. »

C’est sans doute pour cela qu’il n’aura connu que deux équipes tout au long de sa carrière. Chez lui, la performance ne se sépare jamais de la dimension humaine.

Une carrière forgée dans la patience

À une époque où tout s’accélère, où les jeunes veulent devenir pros avant 20 ans, Romain choisit un autre tempo. Il poursuit des études de droit à Clermont-Ferrand, menant de front les cours et les compétitions : « J’avais besoin d’être quelqu’un d’autre qu’un simple coureur cycliste. »

Cette double vie forge chez lui un équilibre rare : la rigueur du sportif, la curiosité de l’étudiant et une vraie maturité. La bascule vers le monde pro arrive presque naturellement, après un appel de Vincent Lavenu, manager d’AG2R : « S’il prend le temps de m’appeler pendant le Tour, c’est qu’il croit en moi. Alors j’ai décidé de me botter les fesses. »

👉 Quelques années plus tard, Romain Bardet grimpe sur les podiums du Tour de France et devient le visage d’un cyclisme à la française, à la fois ambitieux et sincère.

Crédit : Instagram Romain Bardet

Le sport de haut niveau : entre passion et sacrifice

Si beaucoup rêvent de la vie d’un coureur pro, peu mesurent la discipline qu’elle impose. Romain ne s’en cache pas : « Chaque heure de ta journée est plus ou moins définie par la performance. »

Bien manger, bien dormir, récupérer, analyser, recommencer. Une mécanique parfaite mais épuisante, surtout quand s’y ajoute la pression médiatique. « C’est devenu fatiguant de devoir répondre de mon travail H24. J’avais besoin de redevenir simplement Romain. »

👉 Derrière les dossards et les watts, il y a un être humain, avec ses doutes, ses limites et ses envies de respirer.

La victoire, oui - mais pas à n’importe quel prix

« Je n’ai jamais été un gagneur à tout prix », dit-il. Et cette phrase résume bien sa philosophie. Plus que les trophées, Romain a toujours cherché le progrès, le sens et l’engagement total.

Sa première victoire d’étape sur le Tour, en 2015, reste un moment clé : « On était la risée de la planète. Et puis, à la fin, on gagne tous les deux une étape avec Thibaut Pinot. Celle-là, elle avait un goût particulier. »

Ce goût de la résilience, de l’effort récompensé après la tempête, c’est ce qui l’a porté tout au long de sa carrière.

Crédit : Instagram Romain Bardet

De la data au doute

À mesure que le cyclisme se professionnalise, Romain s’implique dans chaque détail : altitude, chaleur, alimentation, science de l’entraînement… presque trop : « Je suis allé un peu trop loin là-dedans. J’ai eu besoin de déléguer, de me recentrer. »

Cette prise de recul coïncide avec la naissance de son fils et un changement de perspective : ne plus tout contrôler, mais retrouver du plaisir. Quand il décide d’arrêter, ce n’est pas par lassitude, mais parce qu’il sent qu’il a tout donné.

Reprendre la route, autrement grâce au Gravel

Aujourd’hui, Romain roule encore. Mais différemment. « Je fais encore 12 à 15 heures de vélo par semaine, mais seulement quand il fait beau ! »

Le gravel, c’est son retour aux sources : le plaisir de rouler pour soi, sans objectif, sans chrono, avec des copains. Et fidèle à lui-même, il emmène dans cette nouvelle aventure sa dernière équipe, preuve que la fidélité reste sa marque de fabrique.

“Le sport, une belle école de la vie”

S’il devait transmettre un message, ce serait celui-là : « Le sport, c’est une formidable école. Peu importe le niveau, c’est un moyen de se réaliser, de partager, de se retrouver autour d’un projet. »

Pour Romain Bardet, la ligne d’arrivée n’a jamais été une fin, mais un passage. Une façon d’apprendre, de grandir, et de rester fidèle à soi-même.



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