Julien Absalon : la légende du VTT français raconte son parcours !

Il y a des noms qui évoquent à eux seuls une discipline. Pour le VTT, c’est celui de Julien Absalon. Double champion olympique, quintuple champion du monde, figure incontournable du cross-country… et aujourd’hui, sportif passionné qui continue d’explorer d’autres terrains, notamment celui du trail. Dans cet épisode de Dans la tête d’un cycliste, le Vosgien revient sur son parcours, son mental d’acier, et cette fameuse flamme qui ne l’a jamais quitté.

Dans cet épisode, Julien Absalon se livre sans filtre. Il raconte son parcours, son rapport à la victoire, la fameuse “bulle” de concentration qui l’a mené aux sommets, et ce nouvel équilibre trouvé loin des podiums, mais toujours sur les sentiers. Une conversation inspirante, entre introspection, sagesse et… un petit goût de terre humide.

📌 Une émission proposée par Valentin Garcin, rendue possible grâce au soutien de Roc d'Azur.

Le VTT, un jeu devenu vocation

« C’est arrivé totalement par hasard », raconte Julien en souriant. Enfant des Vosges, il découvre le VTT presque par accident, au détour d’une balade en forêt. Très vite, il comprend que c’est “ça” qu’il veut faire. « Le vélo, c’était mon premier outil d’aventure, de liberté. Tu pouvais aller plus loin, explorer, t’échapper. »

Les premiers tours de roues deviennent vite des compétitions. Et le talent, évident. À sa deuxième course, il gagne. Mais surtout, il rencontre les bonnes personnes, dont un entraîneur visionnaire qui détecte rapidement un potentiel rare : « Il m’a appris la patience, à viser la performance chez les élites plutôt que les victoires chez les jeunes. »

L’addiction à la victoire

Au début, Julien roule pour le plaisir. « Je m’amusais, tout simplement. » Mais la compétition entre dans la danse… et l’adrénaline devient irrésistible. « La victoire, c’est une drogue puissante. Quand tu y as goûté, tu veux la revivre. »

Lui, en tout cas, la vivra souvent. Mais ce qu’il décrit le plus intensément, c’est cet état de “flow”, ce moment suspendu où tout devient fluide, où le corps et l’esprit ne font plus qu’un. Il se souvient notamment des Jeux olympiques d’Athènes 2004, où il remporte son premier titre : « Je n’ai aucun souvenir de la course, tout était automatique. J’étais dans ma bulle, programmé pour performer. Quand j’ai franchi la ligne, j’ai réalisé seulement que j’étais champion olympique. »

Un moment d’apaisement et d’explosion à la fois. L’aboutissement d’une préparation millimétrée et d’une force mentale façonnée par la vie. La perte de son père, deux ans plus tôt, a changé sa perspective : « Souffrir sur un vélo, ce n’est pas dur quand tu as connu la vraie douleur. »

La rigueur du champion

Chez Julien, rien n’a jamais été laissé au hasard. Ni les entraînements, ni la récupération, ni le sommeil. « Je m’étais programmé pour être au top le jour J. »
Mais il rejette le mot “sacrifice” : « Ce n’était pas des sacrifices, c’était des choix. »

👉 Son quotidien ? Entièrement dédié à la performance. « Je me rends compte maintenant que j’ai vécu vingt ans dans un monde parallèle. » Un monde où tout est centré sur la compétition, où chaque minute compte. Comme le disait un jour Romain Bardet : “Chaque minute de ta vie est consacrée à la performance.” Julien confirme : « Plus tu dédies de temps à ton sport, plus tu deviens performant. »

Mais il nuance aussitôt : « Il faut que ça t’apporte plus que ça ne te coûte. » Une philosophie simple, mais essentielle. En 2008, après des années de domination, il perd justement cette balance : la pression du résultat étouffe le plaisir. « Je ne prenais plus de plaisir, et je me suis planté. » Une claque salutaire, qui le pousse à remettre la passion au centre.

L’ombre du costume de champion

Ce que peu de gens imaginent, c’est la difficulté d’enfiler et de quitter le costume du champion. Absalon en parle comme d’un rôle : « Quand j’arrivais sur un site de compétition, je mettais mon costume. Je devenais Absalon, le champion fort et sûr de lui. »

Un mécanisme mental qu’il a développé instinctivement, sans préparateur mental. « Je me suis fabriqué ma propre méthode. »
Mais quand la carrière s’arrête, il faut apprendre à vivre sans ce costume. « C’est une demi-mort. Tu sais que tu ne ressentiras plus jamais cette sensation de puissance. Il faut s’en désaccoutumer. »

La renaissance par la course à pied

Heureusement, Julien Absalon n’a jamais été du genre à rester assis sur un canapé. Après le vélo, il découvre une nouvelle passion : le trail running.
Tout a commencé comme un exercice de préparation physique : « Je voulais gagner en explosivité, alors j’ai intégré la course à pied dans ma prépa. Et j’ai adoré ça. »

Aujourd’hui, il se régale en trail, parfois sur des distances extrêmes : « J’ai fait des courses de plus de 20 heures ! »
L’ancien cycliste aime la simplicité de ce sport : « Pas besoin de vélo, de pneus ou de mécanique. Tu mets des baskets, et tu pars. »

Et paradoxalement, celui qui cherchait à “faire plus court” court désormais plus longtemps. Mais surtout, il a retrouvé ce qu’il cherchait : le plaisir de l’effort. « En vélo, j’étais un athlète. En trail, je suis redevenu un simple sportif. »

L’ouverture d’esprit d’un champion apaisé

Avec le recul, Julien voit l’évolution du sport avec curiosité : « Quand j’ai commencé, un cycliste devait faire du vélo, point. Aujourd’hui, ils font tous de la muscu, du gainage, de la course à pied. Les athlètes sont plus complets. »

Et même si son palmarès n’a plus rien à prouver, son envie, elle, est intacte. Qu’il s’agisse de VTT, de gravel ou de trail, Julien Absalon reste fidèle à son credo : se faire plaisir, progresser, et rester curieux.

Parce que les légendes du sport ne s’arrêtent jamais vraiment. Elles changent juste de terrain de jeu.



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