LA PRÉPARATION D’ Arthur Kluckers pour son premier Paris-Roubaix

Il y a des courses qu’on regarde gamin, les yeux grands ouverts. Des courses qui collent à la peau, qui font rêver… et un peu flipper aussi. Pour Arthur Kluckers, jeune coureur luxembourgeois de 24 ans, Paris-Roubaix, c’est ce genre de course. Surnommée “l’Enfer du Nord”, elle mêle pavés, poussière (ou boue, selon l’humeur du ciel) et un parfum d’épopée.

Dans cet épisode du podcast Dans la tête d’un cycliste, il partage sans filtre ce que c’est que de se préparer à affronter un mythe pour la première fois.

Crédit : Hugo Barthelemy

Reconnaître pour apprivoiser : la reco, cette arme mentale

Ce que redoute Arthur, ce ne sont pas les pavés eux-mêmes. C’est l’inconnu. Alors pour mieux anticiper, lui et son équipe Tudor Pro Cycling ont découpé la reconnaissance en deux journées ciblées.

La première, musclée, sur les secteurs mythiques : la Trouée d’Arenberg, le Carrefour de l’Arbre… Des noms qui claquent comme des avertissements. La seconde, plus tranquille, sur les zones d’approche avant les pavés. « On essaie d’avoir un bon feeling sur les pavés, de tester les pressions, de trouver les meilleures trajectoires. » exlpique t-il.

Mais cette reco, ce n’est pas juste un entraînement physique : c’est une préparation mentale. Elle permet de visualiser chaque instant-clé, d’anticiper les pièges, de réduire l’incertitude — cette ennemie silencieuse des coureurs.

Le mental, facteur X de la performance

« Il faut être prêt à faire la guerre. » La phrase est lâchée avec calme, mais elle pèse lourd. Roubaix n’épargne personne, même les plus préparés. Le mental joue un rôle majeur : rebondir après une crevaison, se battre pour se replacer, continuer même quand les jambes flanchent.

Arthur se nourrit aussi des conseils des anciens. Comme Fabian Cancellara, qui lui glisse un rappel : « S’il pleut, il y a toujours une portion où tout le monde tombe. » Pas de quoi rassurer, mais de quoi se conditionner.

Le matériel : une autre forme de stratégie

Roubaix, c’est aussi un laboratoire roulant. Chaque décision technique peut avoir un impact décisif. Et Arthur, comme ses ingénieurs, le sait : pneus, pression, casques, roues… tout est question d’équilibre.

Aujourd’hui, il roule avec :

  • Des pneus de 32 mm, pour mieux absorber les vibrations.

  • Une pression abaissée à 3 bars, contre 5,5 sur une course classique.

  • Une attention accrue sur les lignes à prendre (au centre des pavés, ou sur les bas-côtés ?). « Le plus important, c’est la vitesse. Plus tu vas vite, plus c’est facile. Mais plus tu ralentis, plus tu souffres. ».

Et si vous pensez que tout est réglé à l’identique pour tous les coureurs, détrompez-vous : la pression des pneus est adaptée au poids, au style de pilotage, et aux sensations individuelles.

L’échappée, le pari audacieux

Arthur ne vient pas juste pour participer. Son plan : intégrer l’échappée. Une ambition courageuse quand on sait que, comme il le dit lui-même, « la moitié du peloton aura la même idée ».

Mais être devant, c’est aussi prendre un coup d’avance sur les grands favoris, ceux qui arrivent fort dans le final. À 24 ans, ce serait une belle manière de se signaler. Un pari risqué, mais potentiellement payant. « Si je suis devant, je mets la pression sur les autres. Et j’évite les pièges de la course. »

Pain perdu et musique dans le bus : les petits rituels d’un grand jour

À quoi ressemble un matin de Paris-Roubaix ? Réveil matinal, petit-déj (parfois pain perdu, parfois riz au lait), dernier check du parcours, et montée progressive en pression… au sens propre comme au figuré.

La dernière escale avant le départ, c’est le bus de l’équipe. Un cocon bruyant, rythmé par les playlists motivantes, les échanges nerveux, les regards concentrés. Arthur résume : « L’ambiance dans le bus, c’est ce qui te met dans le mood. »

Comment expliquer Roubaix à un enfant ?

Quand on demande à Arthur comment il décrirait Paris-Roubaix à un enfant, il répond avec simplicité et poésie : « C’est une course magique où tout peut arriver. Il faut juste ne jamais arrêter d’y croire. »

Et si c’était ça, le secret ? Croire en sa chance, croire en sa préparation, croire en l’impossible — même dans l’enfer.



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