Rouler sous 35°C : stratégie d’allure et erreurs à éviter quand il fait (très) chaud
Il fait beau, il fait chaud, t’as sorti ton plus beau cuissard… mais ton corps, lui, transpire déjà rien qu’à l’idée de grimper ce col sous 35°C. Et tu te demandes : faut-il ralentir ? Adapter son effort ? Se fier à ses sensations ?
Anaël Audry, docteur en sciences du sport, répond sans détour : oui, la chaleur change tout — même quand on est bien entraîné.
La chaleur, ce stress qui rend (beaucoup) moins lucide
Même si tu es acclimaté, rouler en condition très chaude reste un défi. Ton corps doit à la fois :
alimenter tes muscles en sang pour l’effort,
et refroidir ton noyau central pour éviter la surchauffe.
Et ça, c’est énergivore. Très vite, tu atteins ta fréquence cardiaque maximale sur une intensité que tu considères pourtant "facile". Ton ressenti explose, mais pas forcément ta performance. « Même quand tu es acclimaté, en condition très chaude, il faut une stratégie d’allure très intelligente. Sinon, tu exploses. » explique Anaël.
Crédit : Gravel République
Pourquoi partir vite est (presque toujours) une erreur
Tu te sens bien, t’as envie de suivre le groupe, tu veux montrer que tu es prêt… mais le premier col peut vite devenir ta sentence. « Tu risques de te faire doubler par des gens moins bons que toi. C’est frustrant. Mais au 3e col, ils seront arrêtés, et toi tu rouleras encore. »
💡 L’explication est simple : à haute température, le corps n’encaisse pas l’effort violent sur la durée. Si tu brûles toutes tes cartouches dès les premiers kilomètres, tu le paieras cash — et longtemps.
La bonne stratégie : l’allure défensive (mais payante)
Adopter une allure défensive, ce n’est pas "se brider", c’est optimiser. Anaël recommande de :
Partir plus lentement que ta vitesse habituelle.
Te fier à ton ressenti (et pas à ton ego).
Ne pas hésiter à te faire distancer en début d’épreuve. « Ce n’est pas une question de niveau, c’est une question de thermorégulation. Si tu ne la respectes pas, ton corps va te forcer à ralentir. »
💡 L’objectif ? Être celui ou celle qui reprend les autres, pas celui ou celle qu’on ramasse.
Données, capteurs, ego : ce qu’il faut vraiment regarder
Sur le papier, tu es capable de monter ce col à 180 watts. Mais ce jour-là, sous 35°C, c’est peut-être à 150 watts que tu devras le grimper pour rester lucide.
Anaël recommande de garder un œil sur :
la fréquence cardiaque, souvent plus révélatrice que la puissance ;
la vitesse ou le RPE (ressenti de l’effort), qui peut monter en flèche sans raison apparente. « En chaleur, la data peut t’aider à rester raisonnable. Ce n’est pas le moment d’improviser. »
Crédit : CycloPro
En résumé : ce qu’il ne faut pas faire (et ce qu’il faut faire)
❌ Les erreurs à éviter :
Partir sur tes watts habituels.
Te caler sur le rythme des autres sans écouter ton corps.
Espérer que "ça va passer" en t’accrochant coûte que coûte.
Ignorer les signes de surchauffe (nausées, vertiges, rythme qui explose...).
✅ Ce qu’il faut faire :
Adapter ton allure dès le départ.
Te concentrer sur la régularité, pas la vitesse.
Boire régulièrement, t’asperger d’eau fraîche si possible.
Te souvenir qu’en condition chaude, la patience est une stratégie gagnante.
Le mot de la fin : mieux vaut frustré que cramé
Oui, il faut parfois ravaler son ego pour ne pas exploser au soleil. Mais ceux qui adaptent leur stratégie d’allure en fonction de la chaleur finissent plus frais, plus fort… et souvent devant. « Ce qui compte, c’est de rester consistant dans l’effort. Et pour ça, il faut d’abord savoir lever le pied. »