Fatigue, blessures, stagnation… Et si c’était le syndrome RED-S ?

Vous vous entraînez dur. Vous surveillez votre alimentation. Vous vous dites que quelques kilos en moins vous rendront plus rapide. Mais malgré tous ces efforts, les sensations ne suivent pas. Fatigue persistante, blessures à répétition, moral en berne... Et si le problème, ce n’était pas un manque d’entraînement, mais un manque d’énergie disponible ?

Bienvenue dans l’univers du RED-S, ce syndrome encore trop méconnu… et pourtant bien présent chez les cyclistes.

Le RED-S, c’est quoi exactement ?

Le RED-S, pour Relative Energy Deficiency in Sport, désigne une situation dans laquelle l’athlète ne consomme pas assez d’énergie pour couvrir ses besoins physiologiques après avoir dépensé celle liée à l’exercice. « La disponibilité énergétique, c’est l’énergie qui reste au corps pour assurer toutes ses fonctions vitales, après avoir soustrait l’énergie dépensée à l'entraînement. »

Autrement dit, si vous mangez juste assez pour compenser votre sortie vélo du jour, mais pas assez pour que votre corps puisse continuer à faire tourner le reste de la machine (hormones, os, cerveau, système immunitaire…), vous êtes en déficit. Et si ce déficit s’installe dans la durée, le corps tire la sonnette d’alarme.

Un corps qui se met en veille

Face à ce manque chronique d’énergie, l’organisme active un plan B : il ralentit. Les fonctions vitales non essentielles sont mises en veille. Cela se traduit par une cascade de symptômes qu’on met souvent à tort sur le dos du stress, de la surcharge ou d’une simple baisse de motivation :

‼️ La fatigue chronique ; blessures fréquentes ou lentes à guérir ; infections à répétition ; troubles digestifs ; baisse de la libido ; troubles du sommeil ; perte de règles chez les femmes ; troubles de l’humeur. « Le corps, s’il n’a pas l’énergie qu’on lui donne pas, va simplement baisser le régime. Il ne peut pas décider de la dépense, ni de l’apport, donc il ajuste ce qu’il peut. »

Et sur le plan de la performance ? C’est la double peine. L’athlète s’entraîne mais ne progresse plus. Pire : il régresse.

Un syndrome qui concerne tout le monde (oui, même vous)

Longtemps considéré comme un problème féminin — notamment à cause de l’arrêt des règles —, le RED-S concerne aussi les hommes, simplement de manière moins visible. Chez eux, les marqueurs sont plus difficiles à détecter sans analyses : baisse de testostérone, troubles cognitifs, dépression, baisse de libido… « Le syndrome RED-S, c’est une évolution du concept de la triade féminine. On s’est rendu compte qu’il touchait aussi les hommes et qu’il impactait toutes les fonctions vitales. »

Et non, il ne touche pas que les pros. De nombreux amateurs, soucieux de « bien faire », tombent dans ce piège en cumulant une charge d’entraînement importante et un apport énergétique insuffisant — souvent sans le savoir.

Ce n’est pas qu’un problème de poids

Le piège, c’est de croire que le poids est l’indicateur. Or, on peut être mince, musclé, et quand même en déficit. À l’inverse, on peut afficher un poids « sain » mais fonctionner sous le seuil minimal d’énergie disponible. « Certains athlètes paraissent affûtés, mais ils sont sous-alimentés, fragiles, et loin de leur potentiel. »

L’envie d’atteindre un poids idéal pour une compétition, ou de maintenir un physique “propre” pour les réseaux, conduit parfois à des stratégies alimentaires restrictives… avec des effets délétères bien réels.

Le rôle crucial de l’entourage

Sortir d’un état de RED-S ne se fait pas seul. Il faut souvent l’intervention croisée d’un médecin du sport, d’un(e) nutritionniste, d’un préparateur physique, et parfois d’un(e) psychologue du sport. « Parfois, c’est juste une question de charge mal gérée. D’autres fois, l’athlète a intégré l’idée que ‘moins c’est mieux’, et ça devient plus profond. »

Ce syndrome est le résultat d’un déséquilibre : trop de dépenses, pas assez d’apports. Et la réponse ne se limite pas à manger un peu plus. Il s’agit de reconstruire une approche durable, à la fois alimentaire, mentale et physique.

Quelques signaux d’alerte à ne pas négliger

Si vous vous reconnaissez dans plusieurs de ces affirmations, un petit bilan ne serait peut-être pas de trop :

  • Je suis fatigué·e malgré un bon sommeil

  • J’ai souvent faim mais je me restreins

  • J’ai des blessures à répétition ou des douleurs persistantes

  • J’ai perdu mes règles (ou elles sont devenues irrégulières)

  • Je suis moins motivé·e à m’entraîner

  • Je tombe malade plus souvent

  • J’ai du mal à progresser malgré mes efforts

  • J’ai du mal à récupérer

En résumé

Le RED-S n’est pas une maladie, c’est un signal d’alerte du corps. Il dit : "Tu me demandes beaucoup, mais tu ne me donnes pas assez." Ce n’est pas une question de volonté, ni de faiblesse. C’est une question de ressources disponibles.

La performance ne se joue pas seulement sur les watts. Elle se joue dans l’assiette, le sommeil, la récupération, l’écoute de soi. Vouloir aller vite, c’est bien. Mais aller vite longtemps, sans se casser, c’est mieux. « Ce n’est pas le poids qui fait la performance. C’est l’équilibre. »


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